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28 Mars 2022 : JOURNÉE MONDIALE CONTRE L’ENDOMÉTRIOSE

Article de Brigitte Fanny Cohen
Journaliste Santé

L’endométriose à l’honneur lors de la Journée GynFoch 2022

Plusieurs spécialistes français et internationaux ont pris la parole sur ce sujet d’actualité. Ils ont ensuite répondu, lors de la session grand public, aux nombreuses femmes présentes dans la salle.

Rarement une maladie gynécologique n’aura autant fait parler d’elle. Début 2022, le Président de la République a annoncé une stratégie nationale de lutte contre l’endométriose. Un projet très commenté dans toute la presse. Il était donc logique que le Pr Jean-Marc Ayoubi, chef du service de gynécologie-obstétrique et d’AMP à l’hôpital Foch et fondateur de GynFoch, consacre une partie du programme de cette journée scientifique à cette maladie. D’autant plus qu’elle concerne 2,5 millions de femmes en France : un chiffre non négligeable ! Le premier exposé médical a porté sur l’exploration de l’endométriose par l’imagerie. Le Dr Hanan Trablesi a rappelé que « l’IRM pelvienne est un outil diagnostique majeur avec de très bonnes performances dans l’endométriose mais que l’absence de lésion à l’IRM ne permettait pas de conclure à l’absence de la maladie ». A l’honneur également la chirurgie de l’endométriose : elle s’adresse à une minorité de patientes car la grande majorité peut être soulagée par les traitements médicamenteux ou une prise en charge globale.

L’innovation de la chirurgie robotique

 

Cette chirurgie peut quelque fois être maximaliste et comporter un certain nombre de complications. Plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance de bien évaluer les indications et les techniques. Le Pr Philippe Descamps, vice-président de la FIGO (Fédération Internationale de Gynécologie-Obstétrique), le Pr Anis Feki, chef de service de gynécologie obstétrique du CHU de Fribourg en Suisse et membre du board de l’ESHRE (Europeen Society of Humann Reproduction & Embryology) ainsi que le Pr Jean-Marc Ayoubi ont insisté sur l’intérêt de la chirurgie mini-invasive et conservatrice quand l’indication est bien posée. Le Pr Joerg Keckestein, Président de la société Européenne de chirurgie mini-invasive et chef de service de chirurgie gynécologique au CHU de Vienne en Autriche a, quant à lui, défendu la place de la chirurgie coelioscopique conservatrice en présentant la longue expérience de son service et de son équipe. La journée GynFoch n’a pas échappée à sa réputation en consacrant une place importante aux innovations qui sont déjà aux services des patientes comme la chirurgie coelio-robotisée mini-invasive.

« Elle permet un traitement optimal. Les avantages pour le chirurgien, c’est d’opérer en cœlioscopie avec le confort de la chirurgie ouverte puisqu’avec ses doigts, il dirige des mors d’instruments micro-articulés. Les avantages pour la patiente, c’est qu’on peut réaliser des chirurgies plus complexes, en étant plus ciblé et ainsi en diminuant les risques de complications », ont indiqué le Pr Gaby Moawad, chef du centre de traitement de l’endométriose à Washington DC, et le Dr Marie Carbonnel, chirurgien gynécologue qui a présenté une large étude réalisée à l’hôpital Foch entre 2010 et 2020.

 

Sans tabou

 

A l’endométriose peut s’ajouter l’infertilité : la double peine pour ces femmes déjà éprouvées par cette maladie. Pour avoir un bébé, beaucoup mènent un véritable parcours du combattant. Le Pr Dominique de Ziegler, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Foch, a rappelé que les progrès de l’assistance médicale à la procréation (AMP) permettaient de garder l’espoir. « Depuis une dizaine d’années, on s’aperçoit que les ovocytes obtenus par FIV ne sont pas altérés: du coup les résultats des FIV sont tout aussi bons, chez ces patientes, que chez les femmes du même âge sans cette maladie », a-t-il précisé. La session grand public a permis un lien entre les spécialistes présents à cette journée scientifique et les patientes. Plus de cent cinquante personnes y ont assisté. Est-ce un effet de la médiatisation de cette maladie ces derniers mois ? Mais on a pu constater que les femmes parlaient désormais sans tabou, osant évoquer leur inimité et parlant par exemple des douleurs rectales liées à l’endométriose, racontant parfois l’enfer traversé avant de trouver un traitement adapté. Beaucoup ont interrogés les spécialistes et les représentantes des association EndoFrance et ENDOmind sur le nouveau test salivaire, basé sur le séquençage haut-débit et l’intelligence artificielle : il devrait permettre un diagnostic très rapide. « Un test innovant et prometteur, dont il faut préciser les indications de sa réalisation et évaluer sa place et son apport», ont souligné les différents spécialistes présents.

Beaucoup de questions ont fusé sur l’apport des thérapies complémentaires (sophrologie, yoga, acupuncture, thermalisme…) et les médecins comme les associations de patientes ont rappelé leur intérêt dans une prise en charge globale. Enfin, on a pu entendre de nombreux témoignages sur la douleur, parfois envahissante et génératrice d’arrêts de travail à répétition. Certaines patientes cherchent encore des solutions pour mieux supporter cette maladie au quotidien. Le Pr Ayoubi a clôturé cette session en remerciant tous les participants et en insistant sur le fait que, quelle que soit sa complexité, l’endométriose n’est synonyme ni de chirurgie ni d’infertilité ; il a aussi rappelé que la stratégie nationale prévoit d’augmenter significativement les crédits destinés à la recherche sur cette maladie. Sans oublier  la création de filières de soins suite à l’appel d’offres des ARS (agences régionales de santé).

« Quatre filières sont prévues en Ile de France. La Filière endo-Ouest 92 et 95 comprend 4 centres experts : l’hôpital Beaujon, le Centre Hartmann Cherest, l’hôpital Simone Veil d’Eaubonne et l’hôpital Foch qui coordonnera cette filière avec une ouverture vers les professionnels de premiers recours afin de faciliter et d’améliorer le parcours de soins de nos patientes », a conclu le Pr Jean Marc Ayoubi. Cette session s’est terminée avec l’espoir que, dans l’avenir, toutes les patientes puissent bénéficier d’une prise en charge optimale de l’endométriose.

A noter:

www.gynfoch.com

www.endofrance.org

www.endomind.org

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